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À propos de l’écriture …

 

Le processus de l’écriture  est simple Il se décompose en trois phases. 

  • Parmi tous les sujets qui arrivent chez l’écrivain sans savoir ni comment, ni pourquoi, ni d’où, l’écrivain en choisit un et il s’y tient.

  • Il traite le sujet choisi en l’approfondissant et en lui donnant la forme qui lui convient.

  • Il lit, relit, corrige, recorrige. Relire et corriger c’est vouloir donner au sujet traité le meilleur éclairage possible,ce que l’on nomme la forme et le style. La difficulté vient de ce quela lumière change à chaque instant et qu’à chaque instant elle éclaire le sujet de façon différente avec ses jeux de reliefs, d’ombres et de tonalités changeantes. Écrire c’est après avoir choisi le fond choisir la forme.

Au sujet de la troisième phase.

Si la correction s’avère trop laborieuse et  si on ne parvient pas au degré optimal de satisfaction sur la forme donc sur le fond car forme et fond son liés et je ne sui pas éloigné de croire que forme et fond sont un, il faut se résoudre à l’abandon du sujet. Le texte  doit sentir l’inspiration pas la transpiration !

On parle de la douleur de l’enfantement. Elle est réelle mais toutes les femmes diront que cette douleur n’est rien face au désir passionnel d’avoir un enfant et au bonheur de l’avoir.  Si chez l’artiste  douleur il y a c’est la douleur de ne pas être Proust pour les écrivains, Mozart pour les musiciens, Van Gogh pour les peintres, Dieu pour tout le monde. Mais cette douleur-là  est tellement déraisonnable et risible qu’elle fait sourrire et nous ramène au désir passionnel d’écrire et au bonheur d’écrire.

Au sujet des lecteurs

Il y a souvent confusion entre le succès (le nombre de livres vendus) et la qualité  de l’œuvre. L’adhésion du plus grand nombre au livre n’est pas un critère de qualité.  

Ce n’est pas la foule sur la place publique qui juge (cela s’appellerait un lynchage ou inversement une célébration fanatique) mais quelques juges qualifiés et indépendants dans l’intimité d’un tribunal.

Le talent  artistique est l’art de surprendre de proposer une œuvre sinon novatrice et révolutionnaire du moins une oeuvre qui échappe aux lichés et aux lieux communs.

Le talent commercial est l’art  de faire coïncider l’offre et la demande. (Ici le contenu du livre avec l’attente du lecteur.)

Au sujet des éditeurs 

La fonction d’un éditeur est schizophrénique. C’est une fonction à la fois artistique et commerciale. L’éditeur est censé protéger et promouvoir la qualité de l’écriture. (Il est l’un des juges du tribunal mais il entend aussi les cris de la foule.)

Dans une société où l’économie prime, la fonction  commerciale prévaut souvent sur la fonction artistique. Ainsi l’éditeur vend-il  ce qui se vend, c’est à dire ce qui plait au plus grand nombre, laissant, de ce fait, sans trop se préoccuper de la qualité et sans toujours suivre l’avis des juges dont il fait partie.

Pour en revenir à l’écriture

Écrire c’est le désir passionnel décrire et chacun sait que la passion est sans calcul.

Le bonheur advient quand la passion de l’écrivain rencontre la passion du lecteur. C’est ce que l’on appelle une belle histoire d’amour.  

LE SENS DE LA VIE

 

« La vie a-t-elle un sens ? Aucun qui lui soit extérieur ou la justifie absolument. Elle doit être elle même sa propre visée, comme dit Montaigne. (III, 12,1052) Elle n’est pas une énigme qu’il faudrait résoudre. Ni une course qu’il faudrait gagner. Ni un symptôme qu’il faudrait interpréter.  Ni un examen qu’il faudrait réussir. Elle est une aventure, un risque, un combat qui vaut la peine, si nous l’aimons. (André Comte Sponville, P 914, dictionnaire philosophique. ) 

 

Nous vivons parce que nous avons  beaucoup plus peur de la mort que de la vie.

Nous vivons parce que nous  éprouvons beaucoup plus de plaisir à vivre qu’à mourir

Parce que Léonard de Vinci.

Parce que Léonard de Vinci a peint La  Joconde qui semble être la beauté incarnée est en réalité, la beauté désincarnée à jamais inachevée et cachée que nous devons chercher.

Parce que Mozart.

Parce que Mozart en vivant brièvement a montré que la vie qu’elle soit brève ou qu’elle soit longue c’est l’éternité

Parce que nous avons le projet insensé de devenir Léonard de Vinci et Mozart pour débusquer la beauté désincarnée et tenter de la dire dans le fouillis de la vie avant qu’elle ne se dissolve dans l’ordre de la mort.

Parce que nous désirons faire ce que nous pouvons et devons faire pour être ce que nous devons et pouvons être.  

Nous vivons parce que, comme les montagnards escaladent les montagnes parce qu’elles sont là, parce que, comme les marins parcourent les océans parce qu’ils sont là, parce que, comme les joueurs de belote jouent aux cartes  parce que les cartes sont là, parce que, comme les joueurs de pétanque  jouent aux boules parce que les boules sont là, nous vivons  parce que la vie est là.

Parce que nous sommes conscients que le pas que nous sommes en train de faire n’est ni celui d’avant ni celui d’après mais le pas présent, le seul qui compte et cela sur un chemin que nous savons sans issue.  

Nous vivons  parce que, vivants, nous savons  où tous les  livres se trouvent dans la bibliothèque, où se trouvent le poivre et le sel dans la cuisine, le vin dans la cave, les légumes dans le potager, les arbres et les fleurs dans le jardin, les oiseaux dans le ciel, l’herbe sur la terre parce que, vivants, nous connaissons  par cœur l’ordre des saisons et les noms des membres de notre  famille et ceux de nos amis proches ou lointains, parce que nous savons  qu’une fois morts nous ne trouverons plus rien de tout cela.

Nous vivons parce que un parmi d’autres, un avec les autres, parfois un pour les autres, chacun de nous essaie, parfois douloureusement, parfois joyeusement, d’être aimé et d’aimer.   

Nous  vivons par ce que nous vivons.  

 

Georges Bogey, le16 janvier 2020.

Je suis un paragraphe. Cliquez ici pour ajouter votre propre texte et me modifier. C'est facile.

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APOLOGIE DE LA LAÏCITÉ

 

 I - La laïcité

Beaucoup ont écrit, écrivent et écriront sur la laïcité. Voici une contribution de plus. La laïcité dont je fais l’apologie ici est celle que je connais, comprends, ressens et  vis en France. Je laisse à de plus experts le soin de parler de la situation de la laïcité en d’autres pays où elle est comprise, ressentie, vécue différemment  ou en d’autres pays encore où tout simplement elle n’existe pas. Cela dit, chacun sait que tous les pays sont ramifiés les uns aux autres et que ce qui se passe chez les uns  a inévitablement des répercussions chez les autres.  

La marmite d’eau bénite

Je fais partie de ceux et celles qui ont été  plongés dés la naissance dans la  marmite d’eau bénite du  catholicisme omniprésent, tout puissant et prétendument omniscient. Je suis sorti de la marmite à l’adolescence. Après m’être ébroué, séché et repris mon souffle, j’ai compris plusieurs choses. Obliger  qui que ce soit à croire quoi que ce soit, c’est lui tenir la tête sous l’eau, c’est le noyer.

Rien ni personne ne peut contraindre l’athée à croire et le croyant à ne pas croire.  Croire ou ne pas croire est une affaire rigoureusement personnelle qui peut  être une fulgurance inexplicable ou bien l’aboutissement d’un lent cheminement.

Vivre ce n’est pas barboter  dans l’eau tiède d’une marmite de certitudes, vivre c’est marcher, dans le monde  immense de la connaissance toujours aiguillonné par la curiosité et le doute. (L’entomologiste J.H Favre nous dit à juste titre que « le dernier mot du savoir est le doute. ») Chercher à comprendre, tout en ayant des convictions et des doutes voilà le triple et troublant paradoxe auquel la laïcité nous aide à faire face. 

Liberté, égalité, fraternité, laïcité

Si, au fronton de la République, on lisait le mot laïcité aux côtés de liberté, égalité, fraternité  cela serait tout à fait cohérent. Cohérent mais redondant car la laïcité  est une liberté. La  liberté pour chaque citoyen de pratiquer la religion qu’il  veut ou de n’en pratiquer aucune, de croire au Dieu qu’il veut ou de ne croire en aucun ou … de douter de tous.  

La laïcité, entend-on ici ou là,  c’est l’anticléricalisme, l’immoralisme, la mort du spiritualisme, la mort des religions, la fin de la civilisation judéo-chrétienne. Ces accusations sont stupides et mensongères.  La laïcité est un dispositif philosophique, juridique et social qui organise la défense et la  protection des citoyens, non contre les religions, mais contre les fanatismes religieux. La laïcité  ne s’oppose jamais aux religieux mais aux religieux fanatisés et sectaires. La laïcité est en lutte contre l’obscurantisme des fanatiques qui  dévoient la religion.  

La laïcité à l’épreuve de la réalité

La laïcité semble un concept  simple. On s’aperçoit quotidiennement que les concepts les plus simples, même les plus  beaux et les plus généreux, sont souvent chahutés et malmenés dès qu’ils quittent leur ciel éthéré pour la rugosité de la réalité.  Deux exemples… Tout le monde s’accorde à dire que la paix est un concept merveilleux. Pourtant, dès que deux voisins s’affrontent pour le bruit que l’un fait et qui insupporte l’autre ou parce que le chien de l’un vient faire ses besoins dans le jardin de l’autre,   le concept  de paix vole en éclat et c’est la guerre !

Tant  qu’on en parle entre amis, la laïcité  apparaît comme la solution rêvée pour vivre ensemble sans conflit. Mais  quand à l’entrée du collège le proviseur demande à l’un d’enlever sa kipa, à l’autre d’enlever sa croix et à l’autre d’enlever son foulard, les relations peuvent très vite se tendre, et s’envenimer  ;  la laïcité devient tout à coup un problème explosif.

Brève histoire de la laïcité 

Au commencement, il  y a la peur. Les premiers êtres humains évoluent dans un monde hostile auquel ils ne comprennent rien. Ne pas comprendre les effraie. C’est pourquoi ils cherchent en eux et autour d’eux des moyens  pour se rassurer. Et c’est ainsi que Dieu a été inventé par l’Homme en tant  que concept miraculeux  censé donner du  sens au non-sens et  du courage à ceux et celles qui n’en ont pas.   Sitôt conçu ce concept est aussitôt contesté. Dés son émergence, plusieurs camps se forment qui tantôt cohabitent en paix tantôt se font une guerre effrénée. Pour faire court, disons qu’il y a  les athées, les agnostiques, les panthéistes, les polythéistes, les monothéistes.  À un bout du spectre, les athées affirment que « la foi n’est qu’un défaut de la connaissance » que Dieu est un artifice, un placebo, une fumisterie. À l’autre bout,  les croyants affirment avec ferveur  que Dieu est une révélation mystérieuse non contestable. Entre les deux bords il y a le camp du « peut être bien que oui, peut-être bien que non » le camp de ceux et celles qui se trouvent dans la double incapacité de dire « je sais » ou de dire « je crois. »

C’est autour d’une vérité dite révélée que toutes les religions se constituent, se soudent et que les puissants engrenages  de leurs roues dentelées  se mettent en mouvement. En France, c’est la religion catholique qui a pris le dessus sur toutes les autres. Elle  a été  la religion dominante  pendant des millénaires. Pour asseoir son pouvoir et l’accroître, le clergé, du pape au simple curé de campagne, utilise une méthode fruste mais, si j’ose dire, diablement efficace : ils promettent la damnation éternelle à  tous ceux et celles qui ne leur sont pas soumis corps et âme.  S’opposer aux diktats des dogmes c’est l’enfer assuré. Acquiescer c’est le paradis garanti. Les athées crient haut et fort que cette méthode fondée sur le chantage est une méthode mafieuse et, bien entendu ils la réfutent et la combattent. Le régime de la religion catholique est, pendant longtemps, un régime totalitaire qui, pour gouverner, use  de tous les moyens, du sermon le plus patelin à la violence physique la plus extrême.  L’inquisition qui dure  du XIIème au XIXème siècle est l’exemple le plus emblématique et terrifiant de cette violence. Non contente d’avoir l’hégémonie sur la totalité du territoire français l’Église catholique se lance dans les croisades, du XIème au XVème siècle, pour convertir les infidèles  par les armes. Il y a aussi des massacres multiples dont au XVIème siècle la sanglante Saint Barthélémy. On peut parler encore des colonisations, toutes conduites à des fins d’exploitation et d’enrichissement matériel et toutes accompagnées et soutenues par l’Église catholique qui voyait là un bon moyen d’étendre son influence dans le monde sans se soucier de bafouer le droit élémentaire des peuples et des individus à disposer d’eux-mêmes.

À partir du XVIIIème siècle, un tout nouveau courant de pensées secoue ce totalitarisme arrogant et opprimant. Les philosophes des Lumières,  Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Diderot, D’Alembert, et bien d’autres dans leur mouvance, sans nier l’existence de  Dieu, montrent que pour connaître et comprendre le monde, il existe d’autres voies que la religion. Ces voies sont, entre autres, la philosophie, la littérature, le théâtre, la poésie,  la science. Fille de la philosophie des Lumières, la Révolution française s’est donnée pour mission d’éradiquer  la théocratie et  la monarchie, l’une instrumentalisant  l’autre et réciproquement.  L’instauration de la République démocratique et laïque se fait dans la violence. Les prêtres élus de Dieu se battent avec acharnement contre les  élus du peuple. Il y a eu des avancées et des reculades avec notamment le  régime concordataire de 1801 voulue par Napoléon qui a rétabli une nouvelle forme de gouvernement politico-religieux. Ce système sera définitivement abrogé en 1905 avec la loi de séparation de l’Église et de l’État.  

Même si au XIXème Victor Hugo proclamait déjà : « L’Église chez elle et l’État chez lui ! » et aussi « Toute civilisation commence par la théocratie et finit par la démocratie », même si la loi de 1905 signe l’acte de naissance de la laïcité, le combat des religions contre l’État n’a jamais cessé. Il semble bien qu’il soit parti pour durer car les religions, et principalement les trois monothéismes, n’ont pas renoncé vraiment à leur projet de participer au pouvoir et, pour l’islamisme radical, avec l’ambition de le conquérir. 

Si le catholicisme n’avait pas exercé pendant des millénaires un pouvoir  tyrannique, si aujourd’hui, pour rétablir la théocratie, l’islamisme radical ne semait pas  l’horreur terroriste partout dans le monde, la laïcité serait peut-être différente et peut-être même que nous n’en aurions pas besoin.    

La séparation de l’Église et de l’État.

En France, avec la loi de 1905, l’Etat neutre et indépendant renvoie toutes les religions sans exception - dont principalement les trois monothéismes - dans la sphère privée,  faisant ainsi barrage à leur redoutable instinct de conquête et de domination. Chaque citoyen a bien entendu le droit de parler de ses convictions religieuses mais il a le devoir de ne pas s’en faire  le prosélyte dans le domaine public. Ce devoir qui pourrait s’appeler un devoir de réserve offre à chacun la liberté de croire ou ne pas croire, et de ce fait, garantit la paix sociale et l’unité du pays.

La foi, la connaissance et l’obscurantisme

La foi et la connaissance sont deux modes de pensée radicalement et définitivement antinomiques. Ce n’est ni le croyant  ni ses croyances qui sont obscurantistes en tant que tels, mais c’est la croyance quand elle s’autoproclame connaissance et c’est le croyant quand il confond croire et savoir.  Le régime théocratique que  les fanatiques islamistes veulent instaurer aujourd’hui est la source de l’obscurantisme parce que ce régime entretient « religieusement »  la  confusion entre la connaissance et la foi, et que parfois même il nie la connaissance au profit de la foi.

Une parenthèse… Le refus de reconnaître cette dichotomie entre croyance et  connaissance est parfois insidieusement cautionné et cultivé  de nos jours par des politiciens peu scrupuleux et démagogiques qui brandissent le spectre de l’islamophobie. Cette posture intellectuelle malhonnête et démagogique sème la confusion et érode  la laïcité.

Le pragmatisme de la laïcité

Tout le monde sait que se crisper sur un problème le complexifie. En ayant la volonté de s’adapter aux situations particulières et aux conditions sans cesse  changeante de la société, la laïcité cherche les meilleures  solutions en optant pour un pragmatisme souple sans confondre le sage compromis avec la lâche compromission, l’ajustement courageux  avec la servile démission. Pour ne pas perdre la cap, la laïcité doit garder en mémoire la très  fameuse phrase de Churchill: « Vous avez voulu la paix au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre. » Pas plus que la terreur que faisait régner l’Église catholique hier la terreur des islamistes fanatisés (et de tous les fanatiques religieux quelle que soit leur appartenance) ne peut être tolérée. 

La laïcité facteur d’intégration et d’assimilation

À une époque où l’on parle de vague  et même de tsunami migratoire, où les tensions entre les cultures des différents groupes qui arrivent de tous les coins du monde sont extrêmement vives et conflictuelles, la laïcité joue un rôle majeur pour intégrer et assimiler les arrivants. Je ne développerai pas ici les difficultés posées par l’immigration. Simplement ceci. La France, comme toute nation digne de ce nom,    a le devoir de porter assistance aux personnes en danger.  Une fois accueillie en France la  personne en danger est protégée par les lois françaises. En contrepartie, la personne accueillie a le devoir de respecter les lois qui la protègent. Il faut faire un effort pédagogique considérable pour expliquer à des gens qui sont nés  théocrates que leur pays d’accueil est démocrate.  Il faut arriver à leur faire comprendre que la laïcité,  sans les empêcher de  pratiquer leur religion,  leur permettra de s’intégrer et de s’assimiler à la société qui les accueille et les protège.  La finalité de l’intégration et de l’assimilation est ambitieuse. D’elle dépend l’avenir de notre société. Il s’agit de constituer et d’animer une communauté  en écartant le risque  du communautarisme et du séparatisme lesquels conduiraient  inévitablement  à la guerre civile et à la dislocation de notre nation.

La laïcité et les cathédrales

Notre civilisation est une civilisation judéo-chrétienne. Les  cathédrales sont un symbole fort de cette civilisation. Pour les athées, les agnostiques, les  mécréants et tous les païens ces chefs d’œuvre intemporels que sont les cathédrales n’ont rien à voir ni avec la religion ni avec la foi ; les cathédrales sont pour eux des œuvres à la fois sacrés et divinement humaines.  Ils savent aussi que des géants tels que Michel-Ange, Léonard de Vinci, Bach, Mozart, Dante et cent autres ont été aspirés et inspirés par l’idée qu’ils se faisaient du sacré, que certains  nommaient Dieu et d’autres simplement l’esprit  créatif humain. Il y  aurait  mille autres exemples à donner  dans la vie quotidienne, les  mœurs, les coutumes, la culture, la science, les technologies qui tous illustreraient la grandeur de cette  civilisation dont nous pouvons être fiers et cela, malgré toutes les monstruosités qu’elle a commises… Mais quelle civilisation n’en a pas commise ?

 

La possibilité de vivre ensemble

Aragon a écrit «  La rose  et le réséda »  en  1943. Mieux que tout argumentaire sur la réconciliation ce poème ouvre des perspectives sur la possibilité de vivre ensemble avec nos différences. Ce poème est un hymne à la laïcité.

 

II - Militer pour la laïcité

L’Instruction publique

C’est Condorcet (1743-1793) qui a conçu le concept d’instruction publique, instruction qui se diffuse via l’école publique et laïque laquelle protège les enfants des préjugés et des croyances quelle que soit leur origine sociale. « L’école laïque c’est l’école de la liberté, en un double sens : la liberté y enseigne et elle y est enseignée. » (Dictionnaire amoureux de la laïcité, p 549 Henri Pena-Ruiz,)

L’Éducation Nationale

Schématiquement on pourrait dire que l’instruction c’est l’acquisition des connaissances,  l’éducation c’est la compréhension de ces connaissances et leur mise en perspective dans le monde. L’instruction pour mieux savoir,  l’éducation pour mieux vivre. Dans le cadre de la laïcité, l’instruction comme l’éducation sont toutes deux émancipatrices. Il s’agit autant de transmettre le passé que de construire librement l’avenir. « Le païen ne souhaite pas qu’on promeuve des valeurs païennes à l’école. Il demande qu’on enseigne les valeurs de tous les camps dans un souci d’esprit critique et de compréhension dialectique des pensées. […] L’autonomie se conquiert au terme de l’apprentissage de la diversité intellectuelle. Tout disciple doit accepter des contraintes et s’exposer à la contradiction pour libérer sa créativité. »

(Manuel de sagesse païenne, p 134 Thibault Isabel.)

De la maternelle à l’université, l’enfant, l’adolescent puis le jeune adulte, s’instruit et s’éduque avec pour guides les enseignants. Aujourd’hui  les enseignants sont répudiés en tant que guides et leur savoir est contesté. Les enseignés semblent en savoir bien plus que les enseignants  parce qu’un courant pervers non de pensée mais d’opinion leur fait confondre les informations communiquées par la télévision, les réseaux sociaux, internet, le bouche à oreille, le prosélytisme religieux, avec la véritable connaissance. Par lassitude et par peur d’être agressés et tués, ce qui est déjà arrivé, beaucoup d’enseignants  baissent les bras pour ne pas faire de vague ou bien  ils  démissionnent.  Si l’Éducation Nationale ne  fait rien pour soutenir son corps enseignant qui est le socle de l’Instruction publique et laïque  et - avec les familles - de l’Éducation de la jeunesse, notre civilisation risque fort de décliner et d’entrer dans la nuit de la décadence.

L’Éducation populaire

 Le courant laïque né de la philosophie des Lumières la Révolution Française donne corps et vie au concept d’Education populaire. Puis ce sont les révolutions de 1830, 1848 et 1871 qui font comprendre aux  adultes des couches populaires qu’ils doivent à tout prix s’instruire et s’éduquer s’ils veulent avoir une chance de se libérer de l’emprise de la classe dominante.

 

 

La Ligue de l’enseignement

Créée en 1866 par Jean Macé elle devient  aussitôt le fer de lance de l’Éducation populaire.

Elle organise des espaces où, sans aucune discrimination, tout le monde peut venir s’instruire et débattre.

Les Fédérations des  Œuvres Laïques

Les Fédérations des Œuvres Laïques sont confédérées au sein de la Ligue de l’Enseignement. Leurs activités sont extrêmement variées : accueil des demandeurs d’asile,  formation des cadres de l’animation, soutien aux associations, formation des militants associatifs, culture, foyer de jeunes, sport scolaire, colonies et camps de vacances. Je voudrais souligner ici l’importance des colonies et camps de vacances : et ceci n’est ni digressif ni accessoire ! Le rôle des colonies et camps de vacances dans l’Instruction et l’Éducation des enfants et des adolescents est trop souvent  minimisé voire ignoré.  Les colonies et les camps de vacances laïques sont pour le temps des loisirs ce qu’est l’École laïque pour le temps scolaire. Ces structures d’accueil collectif au service de la jeunesse ont la même valeur éducative et sociale que l’École, pendant une période plus limitée certes mais très intense.  Au même titre que les écoles de la République, les  colonies et camps de vacances doivent être défendues et revalorisées.

Les innombrables mouvements d’Éducation Populaire

Il faudrait aussi nommer les innombrables institutions, associations, clubs, cercles, universités populaires,  maisons des jeunes et de la culture, foyers d’animation,  etc. qui, dans le cadre de la laïcité,  œuvrent,  directement ou indirectement, pour l’Éducation Populaire. Ces structures multiformes et polyvalentes au service de tous et de toutes agissent, dans les domaines variés de la culture, du sport, de la solidarité, de l’écologie, de l’humanitaire, de la santé, de la citoyenneté … (Cette liste est loin d’être exhaustive.)

 Tous ces mouvements et associations ouvrent les chemins de la connaissance. Leurs actions se déploient grâce à l’engagement et à l’énergie de tous les citoyens militants (professionnels et bénévoles)  qui dépassent leur appartenance politique ou religieuse  pour tisser, dans un cadre laïque et sans discrimination d’aucune sorte, un réseau social dans lequel chaque personne est considérée comme unique mais aussi  comme un membre à part entière de la communauté.  Ce réseau véritablement social, on le nomme la société de la liberté, de l’égalité, de la  fraternité, de la laïcité.

 

Bibliographie proposée

Pour une exploration plus approfondie du sujet, je propose une sélection de livres. Liste à compléter, bien évidemment.

Plaidoyer pour la fraternité, Abdennour Bidar

L’esprit de l’athéisme, introduction à une spiritualité sans Dieu, André Comte-Sponvile 

L’athéisme expliqué aux croyants, Paul Desalmand.

Génie de la laïcité, Caroline Fourest

Tirs croisés, Caroline Fourest et Fiametta Venner

Manuel de sagesse païenne, Thibaut Isabel

Penser  l’islam, Michel Onfray 

Traité d’athéologie, Michel Onfray

Dictionnaire amoureux de la laïcité, Henri Pena-Ruiz

Dieu et Marianne, Henri Pena-Ruiz

De la laïcité en France  Patrick WEIL

 

Ce texte a été publié sur le site frontpopulaire.fr

LES LIVRES NOURRICIERS.

 

« Premier de cordée » et « La grande crevasse » de Roger Frison-Roche, sont deux livres que j’ai lus avec émerveillement il y a plus de cinquante ans.  En les relisant récemment j’ai eu tout d’abord le sentiment de m’être trompé de livres et  de lire des comptes rendus de course en haute montagne datés et assez ennuyeux. Après les avoir refermés,  j’ai su que ces livres continuaient de résonner en moi après toutes ces années et que cette résonance ne provenait  pas des faits eux-mêmes (itinéraires, péripéties des courses,  technicité) mais de la beauté de la montagne et de l’engagement des montagnards fascinés par cette beauté et désireux, en tant qu’alpinistes,  de la voir de plus près en escaladant ses sommets et surtout ceux qui étaient présumés inaccessibles.

Cette expérience de relecture m’a fait prendre conscience qu’il y a deux sortes de livres. Ceux qui passent et ceux qui restent. On peut prendre du plaisir à la lecture des « nouveautés », ces  livres qui disparaissent aussi vite qu’ils paraissent, l’éclat éblouissant de la mode étant rarement  une lumière qui dure ; ces livres éphémères, même si on les lit avec bonheur et profit, disparaissent assez vite de nos mémoires.

D’autres livres, au contraire, résistent à l’épreuve du temps, ils persistent, se pérennisent, parfois même s’éternisent, ils s’intègrent à notre vie  et nous nourrissent mystérieusement de façon durable (parfois pour la vie), par leur intelligence, leur humanité, la qualité de leur écriture, leur sens, leur profondeur.

On ne connaît pas toujours à l’avance les livres qui marquent et ceux qui passent sans laisser de trace. C’est pourquoi il faut lire tous les livres. On n’a rien lu quand  on n’a pas tout lu. Chaque livre se lit à la lumière des autres livres.

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